Le vent nous portera
Non seulement le titre de ce thème de «Noir Désir», mais aussi son premier paragraphe, reflète assez bien ce que je ressens quand certains projets (en général artistiques) m’absorbent entièrement par leur puissance, leur beauté et leur esprit rêveur…
Je ne sais jamais si ces projets vont bien finir, si c’est un investissement de temps et d’effort qui va aboutir dans quelque chose de grand, quelque chose qui marquera ou pas un moment clé dans ma vie et dans la vie d’autres personnes, quelque chose qui fera naître un «produit rentable», bref…
Mais je m’en fou.
Parce que chaque fois que un projet de ce type s’interpose entre la routine et moi, je la serre entre mes bras comme si c’était un gros doudou pour les enfants.
Car dans tous ces projets il y a le but, mais, plus important encore, il y a la route qui va jusqu’au but, une route qui est remplie d’émotions, de rencontres, d’apprentissage, de partage.
Le Free Spirit s’est interposé d’une façon brutal entre moi et un parcours de vie que je croyais déjà tracé; et les expériences qui me fait vivre depuis mon premier contact avec ce collectif (et Fabrice, son pilote) par un complet hasard, il y a plus de 2 ans, s’accumulent dans mon bagage professionnel, personnel et émotionnel.
«L’Emajinarium» c’est la proposition que j’attendais sans même savoir qu’elle existait. à peine Fabrice commençait à nous parler de ce spectacle pendant une première réunion chez lui, j’avais déjà pris l’élan, lancé une «rondade – flip-flap – salto» pour rentrer la tête en avant (et sans me blesser!) dans cette aventure qui s’agrandit à pas de géant.
Un spectacle dansant dans lequel je me trouve entouré d’artistes passionnées avec des vraies talents: costumièr(e)s qui font des créations d’un autre monde, danseuses qui bougent guidées par des anges et des démons, comédién(ne)s qui s’approprient de la personnalité de créatures que n’existent que dans l’imagination des enfants, créateurs qui, de rien, font apparaître des merveilles insolites… et une armée d’ombres qui n’arrêtent jamais de se battre pour bâtir la route vers le succès… et après il y a moi, qui essaie de jouer le danseur, de jouer le comédien, de jouer l’acrobate… de jouer Boo.
Boo… un des personnages principaux que j’ai l’honneur d’avoir reçu et que j’ai l‘impression qui à été créé à mon image et ma personnalité. Et j’en dirais encore plus, un personnage qui, réel comme toi et comme moi, qui est en vrai mon parallèle au Monde des Rêves, à traceer une longue et compliquée route depuis là-bas pour arriver jusqu’à moi à travers l’esprit de Fabrice, le Free Spirit.
Et maintenant je suis au centre de cet ouragan créatif, donnant tout le peu que je peux apporter au projet et aux autres artistes; mais principalement, étant un Bob l’Éponge géant qui absorbe tout ce que je peux apprendre de ce groupe magnifique et improbable.
J’ai toujours une image visuelle dans ma tête concernant «L’Emajinarium»: je vois Fabrice, avec son sweet à capuche blanc et un énorme bonnet cache oreilles avec un pompom très enfantin, qui va avec son sourire innocent mais de «faire une bêtise» (imaginez lui comme si c’était un dessin de Bill Watterson à la «Calvin & Hobbes»). Il est au sommet d’une colline complètement couverte par la neige, regnant une vallée pleine d’artistes de tout type qui déambulent insoucieux. Il prend une belle poignée de neige qui transforme en boule et la laisse glisser doucement par la pente. La boule grossit et prends vitesse au fur et à mesure qu’elle descends, et qu’elle commence aussi a engloutir à certains de ces artistes qui «trouve» dans sa route. Mais ces gens là ne sont pas terrorisés. Nous sommes tous en train de rire en roulant vers… je ne sais pas ou, nous ne nous inquiétons pas. Le vent nous portera…
Vicente Cervera, «alias» Boo.