Vendredi. Après l’effort à exercer mon métier , Je suis dans la salle de repos mais une idée me travaille, celle que je vais voyager ce soir même pour aller en Islande. La fissure entre ma vie parisienne et celle que je m’apprête à vivre était béante comme les ravins de glaces que je verrai le lendemain surement mais aujourd’hui un autre combat bien froid que je vais devoir très prochainement affronter : le voyage en avion… J’étais peu sûr du moyen le plus sûr au monde. Pas moyen de me rassurer sur ce type de transport sillonnant les airs , j’aurais jamais cru que ça serait si douloureux d’avoir la tête dans les nuages alors que c’est ce que je fais tout le temps.
Le soir , je réalise que nous sommes sur le point de partir. J’arrive devant le guichet , je rejoins mes compagnons. Nous sommes sur le point d’embarquer. J’avançais sans trop de conviction. Mais je me disais aussi que dans quelques heures, tout sera terminé.
Passé l’enfer de fer, la terre ferme ! Yes ! C’est à cet instant que je réalise que je suis en Islande et que c’est vraiment cool.
Je me rends compte que la peur de l’aigle à moteur a dévoré mes rêves de voyages et a fait naître en moi une angoisse alors qu’au final ce n’était pas si terrible que ça , me suis-je dis bien plus tard, une fois que tout ça était derrière moi .
Je découvre les routes islandaises et leurs lignes droites interminables. Nous fonçons car nous savons que nos nuits de sommeil se rétrécissent au fil du temps. Le lendemain, nous constatons que nous nous réveillons au pied d’une cascade énorme, les gouttelettes voltigeaient quasiment sur nos joues tellement elle était proche bien qu’une petite marche était exigée pour apprécier toutes ses perspectives .
Nous quittons le Motel pour nous diriger vers les glaciers. Une longue route nous attendait et à la fin de celle-ci nous voyons devant nous la clef de notre voyage : un énorme glacier se trouvait là , dressé devant nous, flottant sur l’eau et des spectateurs passionnés pour l’admirer mais on peut aussi y voir ce qui n’était plus là : le reste du glacier. Ainsi l’Islande, comme je pouvais le supposer dans ma tête, devait être plus fourni niveau glace . Elle a fondu depuis plusieurs années. Un cri silencieux qui a fait parler de lui dans le monde entier… Toujours est-il que le vide remplit la surface de l’eau et un glacier , lui, tente de résister pour témoigner de ce qui se passe sur notre planète : le réchauffement planétaire. Un paysage émouvant …
Je fais des photographies des modèles présentes . J’aménage ma scène pour Maria Amanda une fois que Fraise au Loup termine de l’habiller je réussis quelques photos , juste avant qu’une vague indélicate tente d’emporter entièrement notre modèle ( tu fais chier , la vague !!! ) Ainsi , avec Maria totalement trempée, nous décidons d’écourter le shooting , lui donnant mes vêtements pour se réchauffer . Je ne trouvais que de la culpabilité à me mettre sur le dos …
Je termine par faire de belles photos de Nouman en mode déchaîné , résolu à faire face au froid et nous partons pour la prochaine étape.
Dans la voiture , je me sentais à plat comme les feuilles qui jonchaient la route . Je me demandais quoi faire de plus . J’avais peur d’une part d’avoir trop peu de photos et de l’état de Maria . Je portais toujours ma culpabilité en guise de manteau…
Bon , sur les lieux du deuxième endroit, il y avait bien plus de neiges et de glaces cependant nous constatons quand même les conséquences du réchauffement climatique.
Maria me rassure aussi qu’elle va bien, me raconte la façon dont elle l’a vécu et m’enlève une bonne partie de ma culpabilité. N’ayant plus rien à me mettre sur le dos, je remets mon anorak.
Nous shootons donc avec Julie a un endroit que nous avons choisi, nous faisons des poses et Nouman nous propose le duo. Un moment un simple et super cool.
Le soir, au restaurant , après un long débat sur la signification de certains plats , nous échangeons notre journée.
Un moment convivial comme je les aime.
Au petit matin , tout s’accélère : nous devons faire des dernières photos dans un paysage de sable noir et partir prendre l’avion. J’ai ainsi profité d’un shooting court mais intense , j’ai adoré ce côté insolite d’un sable aussi sombre . c’était absolument somptueux.
Une fois les photographies terminées, nous rentrons. Je n’oublierai pas les moments passés dans la voiture à mettre de la musique que chacun aime, à rigoler des bonbons aux réglisses et des paysages super vaste mais tellement surprenant les uns par rapport aux autres .
Dimanche. Ces bons souvenirs me reposent, bien que je vais devoir aller au travail dans deux jours et donc repartir en France. La fissure entre ce que j’ai vécu et celui de mon retour à la vie parisienne reste grande ouverte comme la plaie que j’ai au cœur a partir, aujourd’hui, de cet endroit chaleureux et idyllique mais à présent un autre combat glacial que je devrais très prochainement affronter : les transports parisiens.
Audric Larose